Retour d’expérience de 7 ans de collaboration avec l’Agence de la transition écologique.
Un projet WordPress réussi ne se résume pas à des choix techniques : il repose avant tout sur des décisions stratégiques prises en amont.
Mais comment identifier celles qui auront vraiment un impact sur le long terme ?
En 7 ans de collaboration avec l’ADEME , notre agence a réalisé plusieurs sites WordPress dont Ademe.fr et Alt Impact et cela en partenariat avec La Netscouade .
Ces projets, menés sous de fortes exigences en accessibilité, performance et écoconception, nous ont permis de cerner les choix réellement structurants pour la réussite d’un site WordPress.
Dans cet article, je partage avec vous 7 décisions qui ont fait leurs preuves sur ces projets.Des enseignements concrets qui vous aideront à poser les bases solides de votre prochain site WordPress, quelle que soit son échelle.
1. Définir le « Pourquoi » avant le « Comment »
Ne pas tomber dans le piège du « on part bille en tête sur la solution”
J’ai vu trop de projets démarrer par « On veut un site moderne avec des animations » ou « il nous faut la même chose que X ».
On commence par les solutions avant même de comprendre le problème.
Avant de parler solutions UX ou techniques, il faut s’interroger sur la raison d’être du projet : pourquoi ce site ? Pourquoi ces cibles, ces contenus, ces services, ces fonctionnalités, … ?
Ces questions semblent évidentes, mais elles sont souvent éclipsées par l’empressement à partir sur les solutions. La démarche d’écoconception nous ramène justement à ce questionnement essentiel.
Les questions fondamentales à se poser :
- Quel problème concret ce site doit résoudre pour vos utilisateurs ?
- Comment mesurerez-vous concrètement sa réussite ?
- Quels contenus et fonctionnalités sont vraiment indispensables pour atteindre ces objectifs ?
Sur les projets de l’ADEME, cette approche nous a souvent amenés avec La Net Scouade à challenger les demandes initiales. Parfois, la meilleure solution n’était pas la plus évidente : moins de fonctionnalités mais plus pertinentes, moins de contenus mais mieux structurés.
Cette réflexion préalable n’est pas du temps perdu – c’est un investissement qui vous évitera des développements inutiles et garantira un site plus efficace.
Mon conseil :
Gardez ces questions sous le coude tout au long du projet.
Elles vous aideront à rester focalisés sur l’essentiel et à faire les arbitrages quand les discussions partiront sur des fonctionnalités « nice to have » qui alourdissent le site sans servir vraiment vos objectifs.
2. Adopter une vision long terme : sortir du cycle « refonte tous les 3 ans »
Trop souvent, je vois des projets web pensés comme un « livrable » qu’on pose là et qu’on oublie. Résultat ? Au bout de 2-3 ans, le site ne répond plus aux besoins, les performances se dégradent, et on repart sur une coûteuse refonte complète.
L’expérience ADEME nous a appris qu’un site WordPress performant est un service vivant qui s’améliore en continu. C’est un investissement qui doit être entretenu, pas un effort « one shot ».
Les piliers d’une approche durable :
- Une maintenance préventive plutôt que de courir après les problèmes
- Des audits réguliers (sécurité, performance / écoconception, accessibilité, seo…) pour détecter les points d’amélioration avant qu’ils ne deviennent problématiques
- Une documentation vivante des évolutions et des choix techniques
- Une gouvernance claire : qui décide quoi, quand et comment (RACI)
L’écoconception et l’accessibilité illustrent parfaitement cette approche : ce ne sont pas des cases à cocher au lancement, mais des engagements qui nécessitent une vigilance constante. Un site accessible aujourd’hui peut ne plus l’être demain si on n’y prête pas attention.
Cette vision long terme demande plus d’effort au départ, mais elle est bien plus économique sur la durée. Au lieu de repartir de zéro tous les 3 ou 4 ans et d’en payer le prix, vous construisez sur des bases solides qui s’améliorent progressivement.
Mon conseil :
Prévoyez dès le début les ressources (temps, budget, compétences) pour cette amélioration continue.
C’est un changement de paradigme : on passe d’une logique de projet à une logique de produit.
3. Évaluer le ROI de la qualité web : un investissement rentable
La qualité web est souvent perçue comme un surcoût. « On fera l’accessibilité plus tard, ça n’entre pas dans mes objectifs », « L’éco-conception, ce n’est pas une priorité”…
Erreur ! L’expérience montre que c’est exactement l’inverse.
Un site web de qualité apporte des bénéfices concrets et mesurables :
- Un code propre réduit significativement les coûts de maintenance
- Un site accessible améliore naturellement son référencement et le trafic du site
- Des performances optimisées augmentent les taux de conversion
- Des bonnes pratiques documentées rendent les équipes plus autonomes
- Les démarches RGS, RGAA et RGESN font diminuer les risques
- Un back-office bien pensé fait gagner du temps aux équipes métiers
La qualité n’est pas un coût, c’est un investissement rentable
L’investissement initial en qualité (sécurité, SEO, accessibilité, écoconception, performance, gestion des données privées…) permet d’économiser sur le long terme.
En réduisant les coûts de maintenance, en évitant les correctifs d’urgence, et en espaçant les besoins de refonte totale.
Mon conseil :
Pour justifier cet investissement, il est essentiel de mettre en place des indicateurs précis dès le début du projet.
Coûts de maintenance, évolution du trafic, temps gagné par vos équipes, satisfaction utilisateur…
Ces métriques vous permettront de démontrer concrètement le retour sur investissement.
La qualité web n’est pas qu’une question d’éthique ou de réglementation – c’est aussi et surtout une question de bon sens économique et de ROI.
4. Distinguer le prix d’achat du coût total de possession : investir maintenant ou payer plus tard ?
Face à un projet WordPress, vous avez deux approches possibles :
- Minimiser les coûts initiaux et gérer les problèmes plus tard
- Investir dans la qualité dès le départ pour réduire les coûts futurs
C’est comme acheter un vêtement : vous pouvez opter pour du fast fashion pas cher qui ne tiendra pas six mois, ou investir dans une pièce de qualité qui durera des années.
Ce que coûte la qualité :
- Des développeurs formés à l’accessibilité et aux performances
- Un responsable qualité qui supervise les process
- Des phases de tests et de validation plus poussées
- Une documentation rigoureuse
Ce que coûte la non-qualité :
- Des bugs à corriger en urgence
- Des failles de sécurité à colmater
- Des performances qui se dégradent
- Des équipes qui perdent du temps sur des problèmes évitables
- Des refontes complètes tous les 3 ou 4 ans
Sur les projets avec l’ADEME, le choix de la qualité dès le départ était assumé par notre client. Résultat : des sites plus stables, plus faciles à maintenir et conçu pour durer.
Mon conseil :
la vraie question stratégique n’est pas « peut-on se permettre d’investir dans la qualité ? » mais « peut-on se permettre de gérer les conséquences de la non-qualité ?«
5. Privilégier une architecture modulaire : demander des Lego!
Vous avez deux approches possibles :
- Opter pour des pages fixes, figées dans leur design et leur structure
- Demander un système de composants réutilisables, comme des Lego
L’approche modulaire, basée sur un Design System WordPress bien structuré, change complètement la donne :
- Chaque « brique » est optimisée une fois pour toutes (performance, accessibilité)
- Les contenus sont séparés de leur présentation
- Les modèles de page restent flexibles tout en garantissant une vraie cohérence
- Les équipes gagnent en autonomie avec des blocs revalidés
Pour un site avec des contenus régulièrement actualisés, on adopte depuis plusieurs années une logique systémique, de la conception UX, en passant par l’UI pour aboutir au développement.
Tout comme une boîte de Lego, on construit des pièces sur le principe d’un design system. Chaque pièce ou composant est optimisée pour répondre aux exigences du RGESN et RGAA.
Alors que l’histoire selon laquelle les conflits entre designers et développeurs perdurent, cette démarche aligne toutes les équipes qui partagent un objectif commun sur la base de référentiels et de critères objectifs et mesurables.
Mon conseil :
Cette approche offre une double garantie. Elle préserve l’intégrité visuelle et technique de votre site tout en offrant la flexibilité nécessaire pour son évolution. Pour vos équipes, cela se traduit par une contribution facilitée et une courbe d’apprentissage réduite.
6. S’appuyer sur les référentiels plutôt que les seuls outils automatiques
Les outils de mesure tels que EcoIndex et Google Lighthouse sont nécessaires mais pas suffisants.
Beaucoup d’annonceurs pensent que l’écoconception ou l’accessibilité se résument aux résultats proposés par ces services en ligne.
Cela apporte effectivement une vision quantitative mais qui reste limitée.
Pourquoi ne pas s’arrêter aux outils automatiques ?
- Ecoindex se base essentiellement sur une analyse quantitative du DOM (structure de la page web et quantité d’éléments HTML) : un site avec un contenu riche ne pourra pas dépasser la note C voir B dans le meilleur des cas, même en étant écoconçu.
- Lighthouse ne couvre qu’une petite partie des critères d’accessibilité
- Les scores ne reflètent pas toujours l’expérience utilisateur réelle
Les référentiels édités par les autorités et associations apportent quant à eux une vision complète, qualitative et quantitative.
C’est sur ces standards (RGESN, RGAA, Opquast) que doivent s’appuyer les agences.
Mon conseil :
Les outils automatiques sont d’excellents indicateurs, mais ils ne doivent pas devenir des objectifs en soi. La vraie qualité web se mesure à l’aune des référentiels officiels et de l’expérience utilisateur.
7. Impliquer activement vos équipes internes : devenir acteur plutôt que spectateur de votre projet
La démarche d’assurance qualité ne repose pas uniquement sur les prestataires, mais principalement sur les annonceurs.
Un projet WordPress n’est pas quelque chose qu’on « commande » et qu’on reçoit : c’est une construction commune.
Pourquoi cette implication est cruciale :
- Comprendre, c’est se former : vos équipes doivent maîtriser les fondamentaux
- Avoir l’ambition de faire mieux : porter la vision qualité en interne
- Arbitrer en connaissance de cause : prioriser avec toutes les informations
- Mieux travailler avec les prestataires : parler le même langage
Concrètement, cela signifie investir dans :
- La formation aux bonnes pratiques
- La participation active aux phases de conception et de test
- Le développement de compétences clés en interne (SEO, accessibilité, édition, …)
- Une gouvernance claire pour la maintenance et les évolutions
Mon conseil :
Plus vos équipes seront impliquées et compétentes, plus votre projet sera pérenne.
La qualité n’est pas une prestation qu’on achète, c’est une culture qu’on développe.
Ces sept décisions stratégiques forment un socle pour un projet WordPress réussi – un site qui sera non seulement performant à son lancement, mais qui continuera d’évoluer efficacement pour servir vos objectifs business sur le long terme.
Notre expérience avec l’ADEME et d’autres organisations engagées nous ont enseigné que la qualité web n’est pas un luxe, mais un investissement stratégique.
Les sites WordPress les plus performants sont ceux qui ont été conçus avec une vision claire, une exigence technique sans compromis, et un souci constant d’alignement avec les objectifs de l’organisation.